« AttentiOn ça piQue ! » c’est le nom de l’entreprise et de la marque couture de Manue lancée en octobre 2016. Ce nom vient de l’expression « attention ça pique les yeux! » qu’une copine lui avait lancé en parlant de ses toutes premières créations couture hyper colorées.
« La petite référence à la couture n’est évidemment pas innocente et comme en plus mon nom de famille est Lepoivre, je trouvais rigolo d’y faire allusion ! »
« J’ai toujours été une joyeuse « touche-à-tout », assez habile de mes 10 doigts : depuis les bricolages « Croque Vacances » de mon enfance ou les habits des Barbie que je bricolais ! »
Les essais en peinture de son adolescence, les tentatives (plutôt échouées) de couture de ses vêtements à l’âge adulte , en passant par des années de travaux de plomberie, menuiserie, carrelage, bricolage, jardinage ou déco en tout genre depuis 30 ans Manue fait du DIY.
« Je m’étais même mise au tricot et au point de croix pendant ma grossesse … Globalement j’ai toujours fait quelque chose de mes mains et malgré mon orientation vers des études littéraires je crois bien que je suis profondément une manuelle ! Inévitable car Emmanuelle est manuelle, Ok je sors ! »
À bientôt 50 ans, Manue a eu en fait plusieurs vies dans sa vie. Elle a d’abord enseigné l’anglais pendant 7 ans en collèges et lycées, elle a ensuite été maman au foyer pendant 7 ans après la naissance de sa fille unique (qui a aujourd’hui 20 ans), puis elle a eu une vie de commerciale sédentaire dans une entreprise pendant 7 ans.
« C’est assez curieux ces cycles de 7 ans, non ? Au final une vie professionnelle trépidante, la pression des résultats et de multiples facteurs ont fait que je me suis un peu perdue de vue … Début 2014, le burn-out a eu raison de moi, et il m’a fallu alors plus de 2 ans pour me sortir la tête du sac … »
« À cette période compliquée de ma vie, j’avais un besoin viscéral de faire quelque chose de mes mains, quelque chose de concret, de valorisant, de retrouver une valeur à ce que je faisais, de mettre les mains dans la matière… mais sans trop savoir de quoi j’étais encore capable à ce moment-là, ni même ce que j’aimais vraiment au fond … «
Pour se sortir de son burn-out, Manue s’est (re)mise à un tas d’activités créatives et a un peu (re)touché à tout !
« Explorer plein de matières…tout en essayant de donner vie à de petites choses. Toutes ces tentatives ne me satisfaisaient pas plus que ça jusqu’à ce que je ressorte une vieille machine à coudre du placard, et me suis (ré)essayée à la création de quelques babioles en tissu. Je me suis sentie soudainement bien dans ma petite « bulle couture » dans un coin de la chambre. J’étais en train de me reconstruire et de reprendre confiance en moi. La couture allait devenir ma thérapie. »
Manue a persévéré dans la couture, elle a essayé différentes choses (vêtements, accessoires). Elle a appris en autodidacte, trouvé des « trucs et astuces » au sein des groupes « couture » de Facebook ou blog de créatrices.
« J’ai découvert des univers qui me plaisaient et m’inspiraient. Je me suis davantage intéressée aux tissus, aux créateurs, aux tutos, et inévitablement découvert alors les livres Creapassions. À cette époque pas si lointaine, les livres de La petite cabane de Mavada « Cartables et sacs à dos« , « Les sacs et pochettes à coudre« m’ont énormément apporté en termes de compréhension et de technique. L’ouvrage « Couture d’accessoires en simili-cuir« a longtemps été aussi mon livre de chevet ! » Plus récemment, Manue a découvert la créativité de Jennifer « By Jen ». « Elle est très énervante inspirante avec tous ses modèles très différents et ses passepoils partout ! Comme on se croise et on échange parfois, je sais que je peux la taquiner ! »
« Courant 2015, la couture est devenue une passion dévorante, presque un besoin avec au bout de quelques mois l’ambition affolante d’en faire mon activité professionnelle. C’était décidé : mon truc à moi c’était les sacs et accessoires… Partir d’un plat pour créer un volume est ce qui me plaisait je crois ! »
Dans cette optique de reconversion professionnelle, elle a aménagé à l’été 2016 son grenier familial pour en faire un vrai atelier plus confortable que le petit coin de la chambre qu’elle envahissait.
« J’avais alors ma pièce à moi et ça a tout changé ! Mes premières lunettes aussi … mais c’est une autre histoire ! »
Grâce au soutien de son entourage familial et aux encouragements de ses ami.e.s, elle s’est inscrite à la Chambre des métiers et de l’artisanat pour créer son autoentreprise en octobre 2016.
« Mon travail et mon style ont évidemment évolué depuis ces 3 dernières années…. Il faut souvent un peu de temps avant de se trouver réellement. Je suis peut-être partie dans tous les sens au démarrage et bien que déjà dans un univers coloré et fleuri, avec le souci d’un travail soigné, mes réalisations étaient sans doute un peu trop éclectiques. Je voulais certainement encore tester trop de choses que je ne connaissais pas, utiliser plein de matières différentes que je découvrais, créer trop de produits différents pour proposer plein de choix.
J’apprenais encore et, comme le disait souvent ma grand-mère : « c’est en faisant qu’on apprend ! « . Depuis, je crois bien que j’apprends toujours ! Pourtant, j’essaie aujourd’hui d’être plus « lisible » et mieux identifiable, … car dès lors qu’on gère sa propre entreprise, il faut aussi réussir à se démarquer, à faire en sorte qu’on nous reconnaisse et nous identifie… notamment lors des expos, marchés artisanaux ou salons de créateurs. »
« Mon but n’est pas de reproduire ce qui se fait déjà ailleurs… même si c’est difficile de pas être influencée et de ne pas copier tout ce qui a déjà été inventé ! »
Associer les couleurs, mélanger les matières, jouer autour des motifs et apporter des finitions soignées sont au cœur même de sa démarche.
« J’adore poser des passepoils pour une jolie finition ou créer un contraste, les appliqués également sont souvent présents dans mes créations. Je ne crée pas de modèles de sacs et pochettes techniquement compliqués en soi… mes sacs sont avant tout colorés (voire carrément flashy!), simplement originaux et finalement intemporels ! Je ne cherche pas nécessairement à coller aux diktats des modes ou des saisons,… c’est le parti (ou peut-être le risque ?) que j’ai pris ! Au final, ou on adore ou on déteste, mais en général, les couleurs ne laissent pas indifférent. »
Le postulat de départ de Manue est de créer pour se faire plaisir en se disant depuis le début :
« Si ça me plaît à moi, ça peut aussi plaire à d’autres », mes sacs me ressemblent et je pense ainsi avoir trouver ma patte. »
« ça pique ?! et pourtant c’est tout doux » me dit-on souvent ! »
Comme vous le verrez ses matériaux de prédilection sont restés les matériaux d’ameublement car elle sait désormais mieux les choisir qu’à ses débuts, soit pour leur robustesse, leur souplesse ou leur épaisseur.
« Au passage j’aime toujours pô les tissus fluides pour l’habillement et je suis toujours aussi nulle en création de vêtements ! »
Pour créer ses sacs, elle utilise des simili-cuirs, certaines suédines, quelques jacquards et surtout les velours ras depuis bientôt 2 ans. Leur douceur fait souvent sourire en contradiction avec son nom de créatrice.
« J’utilise énormément (voire en particulier !) les tissus d’Odile Bailloeul pour qui je suis littéralement tombée en amour. Son univers fleuri et tellement coloré, un peu bohème, ses motifs tellement « riches » et « fouillés », ses illustrations magnifiques (originellement ses tableaux) sont ma principale source d’inspiration. J’avoue avoir même un peu de mal à passer à autre chose depuis que je travaille les tissus qu’elle crée car je prends beaucoup de plaisir à évoluer au gré de ses différentes collections ! »
Pour trouver également l’inspiration et créer ses propres patrons (toujours sans trop de fioritures !), Manue furette deci-delà sur les principaux réseaux sociaux .
« Je zieute bien-sûr du coin de l’œil les modèles des « grands noms du patron de sacs », les modèles du commerce ou de la haute couture, les sacs qui passent dans la rue … Et au final, je me dis souvent qu’une besace reste une besace, un cabas reste un cabas… l’important est d’y apporter sa touche personnelle. Alors au milieu de tout cela, j’essaie de garder mon identité … maintenant que je me suis retrouvée ! »
Retrouvez l’esprit couture de Manue dans son univers attention qui pique !